Les enjeux autour des toilettes sèches sont multiples et variés, tant dans le domaine sanitaire, environnemental, économique, que social.
Enjeux sanitaires et environnementaux
Les rejets fécaux sont responsables de 80% de la pollution organique et de la quasi totalité des germes que l’on retrouve dans les eaux grises (CIVAM – dossier 2006). Rappelons que les agents pathogènes se développent plus facilement et rapidement dans l’eau et qu’il n’y a en rien une éradication totale de ces derniers sans phase de compostage hors milieu aqueux. D’une part, les toilettes sèches freinent cette phase de contamination des milieux aquatiques (par l’absence d’utilisation d’eau) et des risques que cela peut entrainer sur les écosystèmes riches en biodiversité. D’autre part, ils permettent d’éliminer un stade de dépollution des eaux et de ce fait une diminution des apports énergétiques et du coût qui en découle (pour l’épuration) qui font partie de l’un des points du Grenelle de l’environnement (loi Grenelle 2 en date du 12 juillet 2010).
Enjeux économiques
Comme nous l’avons fait remarquer, l’adoption des toilettes sèches réduit notre consommation d’eau de minimum 10 m3 par an et par personne. A hauteur de 3.19 € le m3 d’eau facturé par la Lyonnaise des Eaux de Bordeaux, cela représente au minimum 31.90 € d’économie par an et par personne. Cela représente de faibles économies aux vues des dépenses globales d’une maison (surtout le coût de chauffage sur des logements peu ou mal isolés). Il n’en reste pas moins que les dépenses en eau de cessent d’augmenter (cf. figure 30), comme toutes les ressources abiotiques, et ne semble pas lancé dans une optique de diminution de son prix. Par la diffusion de cette approche, il y aurait création d’emplois verts, volonté politique véhiculée par le Grenelle de l’Environnement stipulant : Les emplois verts présentent de nombreux avantages, le premier étant qu’ils sont pour la plupart non délocalisables. Par ailleurs, l’économie verte recouvre toutes les catégories socio-professionnelles, permettant à tous les Français de profiter de la croissance verte. Ces emplois s’appuient sur une dynamique plus porteuse que le reste de l’économie : leur nombre a augmenté de 4,9% en moyenne annuelle entre 2004 et 2009 alors que le reste de l’économie était sur un rythme de +0,5%. Ces métiers peuvent aussi bien être dans le milieu de la formation, de l’information pour tout ce qui recouvre de l’éducation et de l’information. La conception, la réalisation, la certification, l’entretien et l’acheminement (des matières composables dans des milieux non ou peu propices) sont toutes autant de métiers sur lesquels nous pourrions nous pencher sérieusement. Tous ces enjeux s’inscrivent dans une économie fondée sur le local, respectueuse de l’environnement et rémunératrice dont les enjeux socio-géographiques sont intéressants.
Enjeux socio-géographiques
Par le biais de l’utilisation de toilettes sèches, c’est l’acceptation d’un principe vital pouvant se traduire par ces mots (Elain, 2002) : « La merde, combinaison des forces du mangeur et de ce qui est mangé, se change en or. Chaque défécation est une naissance chargée d’un potentiel fécondant pour la terre nourricière. » Cette manière de percevoir nos excréments entre dans une démarche participative comme celle de trier ses déchets ou de manger des fruits et légumes locaux, donc de saison (et de raison !). Des différents concepts de toilettes sèches résultent la contrainte[1] de l’évacuation des fèces et urines, surtout en milieu urbain. Il serait possible de concevoir à une échelle locale la récupération de ces débris par les agriculteurs en vue de composter la matière et de l’utiliser par la suite dans les exploitations agricoles. Cela permettrait de créer ou renforcer du lien social entre le milieu urbain et sa périphérie, d’apporter d’un point de vue agronomique les ressources nécessaires pour fertiliser les terres arables (apport majoritairement d’azote, de potassium et phosphate) et ainsi de faire l’économie d’achat d’engrais industriels (ou du moins de le réduire pour les plus sceptiques !). En résulterait de cette démarche une mise en réseau des différents acteurs locaux (organes administratifs, entreprises privées, agriculteurs…) dans la mise en place d’un circuit court.
[1] Si l’on considère nos excréments comme des déchets et non des débris, résultant d’un processus naturel, reprenant place dans la biomasse (cf. définition du déchet de R. BRUNET dans Les mots de la géographie)