toilette sèche : projets de ville durable / éco-quartiers


La notion de ville durable s’appuie en partie sur une meilleure gestion des ressources et des déchets. Abolir l’eau de nos toilettes tout en gardant une vision hygiéniste de ces derniers est une chose possible. Le frein culturel est très certainement l’obstacle le plus délicat à surmonter.

Le concept de ville durable et d’éco-quartier

La ville, dans sa conception et son organisation, fait l’objet de nombreuses réflexions et critiques a l’aube du 21ème siècle car plus de 50% de la population mondiale y vit aujourd’hui et plus de 70% en France métropolitaine. L’aménagement urbain constitue donc un enjeu prioritaire pour améliorer ou pérenniser notre qualité de vie dans cet espace toujours plus attractif. C’est dans cet état d’esprit qu’est né le concept de ville durable.

Le MDDTL définit en novembre 2011[1] la ville durable comme « un modèle de développement durable, tant dans le domaine environnemental, socio-culturel ou économique, […] visant à favoriser l’émergence d’une nouvelle façon de concevoir, construire, faire évoluer et gérer la ville. […] Les enjeux de ce nouveau paradigme, dont la volonté est qu’il soit partagé par tous les acteurs de la ville (habitants, élus, aménageurs, constructeurs, urbanistes, architectes, paysagistes, fournisseurs d’énergie, entreprises de transport, commerçants…), reposent sur l’étalement urbain, la qualité de l’air, le traitement des eaux usées, la congestion du trafic routier, l’amélioration du carde de vie et le respect des générations à venir ».

La réflexion sur le développement durable de la ville  constitue désormais la référence obligée des politiques urbaines. Aujourd’hui, la ville durable se matérialiser sous forme « d’ilots expérimentaux » par la création d’éco-quartiers décrits par Bonard et Matthey comme « des laboratoires ou des espaces témoins » de la ville du futur. Elle entrelace le monde urbain et rural autour des problématiques écologiques, sociales et économiques. Cependant, ce concept se trouve face à un dilemme car il s’avère difficile de le retranscrites comme un modèle universel. L’explication tient au fait qu’il ne prenne pas assez en compte les réalités sociales, économiques et politiques propre à chaque ville. D’autre part, dans un aménagement urbain déjà bien établi, il s’avère difficile de concevoir un modèle d’éco-quartier, implanté sur des friches urbaines, comme diffusable à l’ensemble de la l’entité urbaine.

Pour d’autres à l’inverse, les éco-quartiers apparaissent comme « un terreau contextuel propice pour l’innovation et l’apprentissage », « un outil urbanistique prometteur dans une perspective de durabilité urbaine » (Tribout et al, 2008). La complexité de la mise en œuvre du développement durable urbain à l’échelle de quartiers modèles est un fait que l’on ne peut omettre, tout en soulignant cependant leur intérêt comme démarche d’apprentissage pour des villes durables (Schaeffer et al, 2010).

Les débats restent donc ouverts sur la question tant dans le monde scientifique, politique, que citoyen. Rappelons toutefois que « l’urbanisme durable ne saurait faire abstraction de la dimension politique qui sous tend toute action sur le territoire » (Leroy, 2010). C’est au carrefour de ces trois mondes que la question des toilettes sèches prend toute sa dimension. Le monde scientifique  pour son expertise en faveur de cette technologie, le politique pour son approbation et sa diffusion et le citoyen pour accepter un vent de changement face à une technologie en adéquation avec un développement urbain, mais avant tout humain, plus clairvoyant face à une meilleure gestion de la ressource en eau et de nos déchets.

[1] www.EcoQuartiers.developpement-durable.gouv.fr