La problématique des toilettes touche une très grande partie de la population mondiale. Pour une partie d’entre elle n’ayant pas encore accès à un système sanitaire répondant à des normes d’hygiènes indispensables pour freiner la propagation de certaines pathologies (exemple : diarrhée), pour d’autre, la question est d’ordre étique, moral, responsable face à l’utilisation de l’eau, très souvent potable, pour véhiculer étrons et urines dans des zones de stockage dont le recyclage (demandant de l’énergie) ne se fait que partiellement. On nous rabâche sans cesse que l’eau est une ressource que l’on se doit de préserver… commençons par l’ôter de nos cuvettes !
Force est de constater que les toilettes à chasse d’eau ne sont pas les modèles les plus diffusés sur notre planète.
Dans de nombreux pays, comme en atteste la carte ci-dessus, le système sanitaire à eau, poussé à la « démocratisation universelle » par l’OMS, prétendant que cette solution est la plus adéquate d’un point de vue hygiénique, ne reste que très peu développé à l’échelle du globe. Seuls l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie et le Japon garantissent de tels dispositifs (de manière quasi unanime). Pour les autres régions du monde, peu peuplées (pays sahélo-sahariens, Asie du nord), l’eau reste une denrée rare, précieuse et parfois peu accessible que l’on ne saurait utiliser pour véhiculer nos déjections. Cela sortirait du bon sens ! Chez les populations touaregs, par exemple, les toilettes sont matérialisées par un trou dans le sable. De manière générale, dans les agglomérations africaines, les latrines sont des fosses d’aisance que l’on vidange parfois ou que l’on condamne souvent par manque de moyen.
A contrario, d’autres pays très peuplés comme l’Inde ne sont pas en déficit hydrique mais possèdent de réels problèmes d’assainissement se répercutant sur la salubrité des eaux. Par exemple, selon les Nations Unies, 600 millions d’indiens ne possèdent pas de toilettes aujourd’hui. Les lieux d’aisance sont alors matérialisés par l’utilisation de la rue, des canalisations, des cours d’eau et nettoyés par la caste des intouchables (dalit).
De certains de ces systèmes, représentatifs de nombreuses populations dans le monde, résultent des problèmes d’hygiène certains auquel nous devons faire face sans pour autant utiliser de l’eau, ou pour sûr de l’eau potable, comme nous le faisons dans la plupart des cas en France. Selon l’OMS, en 2008, encore 2,5 milliards de personnes, soit 38% de la population mondiale, déféquaient à l’air libre ou dans des fosses provoquant, du fait d’une forte concentration sur un même lieu d’aisance, des problèmes sanitaires tels que les diarrhées, deuxième cause de mortalité dans le monde chez les enfants de moins de 5 ans (voir document ci-dessous).
Comme le souligne Maggie Black (Opening the Door on the Global Sanitation Crisis, 2008), « avec une population urbaine croissante, la gestion des excréments est devenue une question vitale, aussi bien pour la santé que pour la dignité humaine ». La problématique des toilettes et des déchets, résulte donc d’avantage d’un problème de développement en milieu urbain, basé sur un accroissement permanent de la population et de la résilience des autochtones à répondre à cet enjeu dans de bonnes conditions d’hygiène mais aussi écologiques.