D’un point de vue sanitaire, l’Etat est conscient des risques potentiels sur la population, ainsi que sur la faune et la flore de l’épandage des STEP et déjections animales non compostées.
Aux États-Unis, l’EPA (Environmental protection agency) a mandaté 15 experts indépendants pour étudier l’influence des boues de stations d’épuration appliquées en agriculture. Ils ont finalement conclu que « l’utilisation raisonnée[1] des boues d’épuration posait des risques négligeables pour les cultures, les consommateurs et l’environnement » (A. Dudkowski, 2000).
« FNE (France Nature Environnement) relativise les risques sanitaires liés aux boues en considérant que les effluents d’élevage, qui constituent 98% des tonnages épandus, présentent aussi des risques (résidus pharmaceutiques, antibiotiques, œstrogènes) qui pourraient s’avérer plus graves. De plus, selon FNE, les engrais minéraux sont des sources d’apports aux sols de métaux lourds bien plus importantes que les boues. » (A. Dudkowski, 2000).
Dans les boues d’épuration, les pathogènes sont nombreux mais, pour la majorité, leur survie est assez faible (Cabaret et al, 2002). Une étude réalisée en 2002 par l’INRA de Tours et la faculté de Pharmacie de Caen a démontré que si l’épandage de boue sur des prairies de pâture ne respectait pas un temps de latence entre le moment de l’épandage et le moment où les animaux venaient paitre, une contamination des bêtes ingérant des œufs de parasites tels que la Taenia Saginata (Ténia du bœuf) pouvait entrainer des complications tant pour les êtres humains, que les bêtes. En effet, ces œufs ingérés par les bovins poursuivent leur développement formant une larve (cysticerque) que l’on retrouve au niveau des muscles. L’Homme, par ingestion de la viande contaminée et mal cuite, peut ainsi être infecté et développer une cysticercose attaquant le système nerveux central (J. Cabaret et al, 2002).
Dans le tableau ci-dessous, une liste exhaustive des principales bactéries, virus et parasites présents dans les STEP vous est proposé pour attester des risques potentiels liés ces dernières sur l’organisme humain et animal.
[1] On entend par « raisonnée », une utilisation quantifiée (nombre de tonnes par hectare) des STEP sur les cultures vivrières.
Concernant les risques environnementaux, il est intéressant de noter que les sols ne sont pas soumis à des analyses avant l’épandage de déjections animales contrairement aux boues d’épuration urbaine.
Malgré une littérature encore peu conséquente sur ce domaine, il semble cependant y avoir certains risques potentiels sur la composition du sol par l’injonction d’ETM (Eléments-Traces Métalliques ou métaux lourds) provenant des boues. Ces ETM réduisent les possibilités de transfert entre les compartiments du sol, entre le sol et les organismes vivants, et entre le sol et les nappes phréatiques (Document de synthèse du Comité Sécurité Alimentaire de l’Aprifel, 2000). Ces particularités sont à prendre en considération et à mettre en ligne relation avec le PH du sol[1], le potentiel d’oxydoréduction (degré d’aération du sol déterminé par les pratiques culturales), le climat, la température et l’humidité du sol, l’apport en matière organique.
Des risques peuvent donc survenir selon plusieurs critères, tels que les quotas, si l’épandage de ces boues n’est pas contrôlé intégralement. Hélas tel est le cas comme le reconnait notre gouvernement : « Certains doutent que la police des réseaux soit correctement assurée. De l’avis général, il paraît impossible de prévenir les rejets pirates. » (Ministère de l’écologie, du D.D…, Bilan de 10 années d’application de la réglementation relative à l’épandage des boues issues du traitement des eaux usées, 2009).
Les risques éventuels liés à l’utilisation des STEP doivent donc être pris en considération et faire l’objet de principe de précaution quand à leur utilisation. Ces principes doivent se baser sur un renforcement de la surveillance environnementale, optimiser d’avantage l’efficacité des stations d’épurations et de leurs rejets (STEP et eaux résiduaires en milieu aquatique naturel), renforcer la prise en compte des impacts environnementales de certains produits (produit phytosanitaire, médicaments retrouvés dans les selles et urines…), accentuer la recherche et le développement autour de cette problématique, sensibiliser tous les acteurs. Ces principes doivent être pris en compte car, semble-t-il, « Les objectifs de la Commission européenne et les engagements du Grenelle de l’environnement vont tous les deux dans le sens d’un recours accru à l’épandage agricole, que toutes les études d’analyse du cycle de vie considèrent comme la meilleure solution. ». (MDDTL, Bilan de 10 années d’application de la réglementation relative à l’épandage des boues issues du traitement des eaux usées, 2009)
Sans vouloir souffler un vent de révolte contre cette prise de position, nous proposerons l’étude d’un système, basé sur plusieurs innovations techniques, permettant de soustraire du traitement des eaux grises de stations d’épuration, les rejets sanitaires dont de nombreux pathogènes présents dans les STEP découlent de leur présence. Il s’agira de parler des toilettes sèches.
[1] De manière générale, un PH acide (inférieur à 7) favorise la mobilité des ETM.