Le rapport aux toilettes et à l’eau (quatrième partie)


Cet exemple montre que les populations urbaines entretenaient des liens très étroits avec les agriculteurs  par le biais de cet or brun convoité pour enrichir les terres arables. La ville imposa ses convictions culturelles et idéologiques sur la relation qu’ils avaient aux matières fécales. C’est le corps perçu que décrit Pierre Bourdieu (1977) comme « le produit d’une fabrication proprement culturelle qui, ayant pour effet de distinguer […] les groupes sous le rapport du degré de culture, c’est-à-dire de distance à la nature, parait trouver son fondement dans la nature, c’est-à-dire dans le goût, et qui vise à exprimer une nature, mais une nature cultivée ».

Ainsi l’on remarque qu’au cours de notre histoire, le rapport que l’on a eu à nos déjections n’a eu de cesse de changer, de se modifier. Tels comportements ou telles attitudes s’effacèrent progressivement pour laisser place à leurs exacts opposés, lesquels disparaissaient un peu plus tard, pour resurgir dans un autre contexte.

À notre époque, « La Chose » répugne pour ce qu’elle représente. On trouve la présence d’une pudeur vis-à-vis de ce « besoin intime », plus encore que pour la nudité elle-même (Christophe Elain, 2002). Si c’est le cas chez l’adulte, cette pudeur et cette répulsion ne sont pas aussi catégoriques chez l’enfant, comme Sigmund Freud nous l’enseigne dans sa théorie de la sexualité infantile, articulée autour de trois stades de l’évolution libidinale importante dans le développement de la psyché : le stade oral, phallique et le stade anal (entre 2 et 4 ans). Ce dernier stade est décrit comme le stade de l’ambivalence : « la fonction de défécation d’une part, la valeur symbolique des fèces d’autre part, leur donnent un lexique par où l’activité ou la passivité peuvent trouver à s’exprimer ». En deux mots, l’enfant serait en de bons termes avec ce petit colis… contrairement à ses ainés qui lui confèrent une position bien négative : celle de déchet !