Toilette sèche : les toilettes à litière biométrisée – TLB (troisième partie)


De plus en plus développées sur les festivals (Musicalarue (40), Reggae Sun Ska (33), Les Vieilles Charrues (29), Alternative Kulturelle (11), Oxegen (Irelande)…), les TLB sont très certainement les systèmes de TS les plus rudimentaires…ou du moins le laissent-t-elles paraitre car contrairement aux systèmes précédents ils nécessitent plus « d’attention » et d’entretien. Ils se caractérisent par un apport, à chaque usage, de matières carbonées (feuilles, copeaux de bois, sciure…) dans un récipient (poubelle, seau ou fosse) où l’on fait ces défections. L’adjonction de  matières carbonées permet l’absorption des urines (azote) et des émanations qui résultent des défections. Elle facilite aussi la déshydratation des selles et permet de maintenir un équilibre entre le  carbone et l’azote en phase de compostage : rapport C/N. Ce rapport doit être d’environ 30 (30 fois plus de matières carbonées que d’azote dans notre compost) afin que les molécules organiques se dégradent convenablement. Si l’azote n’est pas présente en quantité suffisante, le processus va être ralenti car les micro-organismes (qui se nourrissent de matières organiques) vont manquer de cet élément nécessaire pour leur développement (Elain, 2002).

Par la nécessité d’apport en matières carbonées, ce procédé semble plus simple à mettre en place dans des zones périurbaines ou rurales où la zone de compostage peut se faire dans un jardin, où les copeaux peuvent plus facilement être mobilisables (don ou rachat dans les scieries, ébénisteries, menuiseries, ou fabrication à l’aide d’un broyeur en période d’élagage). A titre d’exemple, les débris fécaux cumulés sur une année par personne représentent environ 1000 litres (1m3) de matières brutes[1], soit moins de 100 litres en fin de compostage, deux années plus tard.

Ce système peu onéreux reste une alternative peu « démocratisable » à l’échelle de l’hexagone et du reste du monde… surtout en milieu urbain.  A titre d’exemple, les habitants de la communauté urbaine de Bordeaux (CUB) comptant aujourd’hui un peu plus de 700 000 habitants, ne pourraient se fournir en copeaux de bois uniquement sur les déchets industriels d’une scierie, d’un menuisier ou toute autre profession travaillant le bois. Nous serions face à un problème de ressources en matières carbonées, nous obligeant à produire des copeaux à des fins pratiques pour nos TLB. Ainsi, la problématique posée sur la ressource en eau par l’utilisation des toilettes à eau serait déplacée sur celle des matières carbonées… une absurdité ! Sans compter le fait qu’il faille composter sur une durée de deux ans, représentant pour le même exemple 1 400 000 m3 de matières, sans prendre en considération la gestion de l’acheminement sur les zones de compostage (car il est difficile de composter dans un appartement !).

Comme dans le cas des toilettes à eau dépendantes des stations d’épurations (dans la plupart des cas), les toilettes sèches ne doivent pas déroger aux préoccupations liées aux risques sanitaires et environnementaux.

[1] Par matière brute, on désignera la matière fécale avec son adjonction de matière carbonée non compostée